Stigmatisation des Roms et Gens du voyage
Retour sur la politique sécuritaire de l'été 2010 et ses conséquences en 2011
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Le 30 juillet 2010, Nicolas Sarkozy prononçait à Grenoble un discours faisant suite à des émeutes urbaines et à des incidents mettant en cause quelques personnes d'une communauté de Gens du voyage. Il y annonçait un durcissement de la politique de sécurité et précisait vouloir traiter les "problèmes occasionnés par certains parmi les Roms et les Gens du Voyage". Un an après, retour sur les conséquences de la politique annoncée.
Réalisé en août 2011, ce dossier revient sur l'enchaînement des événements. Il entend proposer une synthèse des réactions nationales et internationales et présente des pistes de réflexion pour décrypter les événements.



Les habitants du Hanul se dirigent vers la mairie de Saint-Denis
Expulsion 6 juillet 2010. Crédit photo : Alain Keler

Le discours de Grenoble : ancrage dans le contexte des « événements » de l’été 2010
Par Marwan Tichani

Il y a maintenant un peu plus d’un an, le 16 juillet 2010, après une course poursuite avec la gendarmerie nationale, Luigi Duquenet est tué par balle pendant un contrôle routier à Thésée (Loir-et-Cher). Le gendarme ayant tiré est à l’heure actuelle toujours placé en mise en examen. Le week-end suivant, la gendarmerie de Saint Aignan ainsi qu’une boulangerie, trois voitures, des feux de signalisations et des arbres sont vandalisés par une quarantaine de personnes, des gens du voyage proches de la victime. Le soir du 18 juillet, d’autres incidents sont à noter dans la vallée du Cher, le long du parcours emprunté par Luigi Duquenet de sa fuite en voiture dans la nuit entre le vendredi et le samedi. Ces incidents, selon le maire de Saint Aignan, constituent un règlement de comptes entre certains voyageurs proche de Luigi Duquenet et la gendarmerie de Saint Aignan et relèvent donc du droit commun.

Mercredi 21 juillet, le président de la République Nicolas Sarkozy annonce la tenue d’une réunion le mercredi suivant sur les Roms et les Gens du Voyage, annonçant que
« les événements […] soulignent les problèmes que posent les comportements de certains parmi les Roms et les Gens du Voyage ».

Le 30 juillet, suite à des émeutes dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble le même 16 juillet, le président de la République Nicolas Sarkozy nomme Eric Le Douaron, ancien haut fonctionnaire de la police, préfet de l’Isère, et à cette occasion prononce ce qui restera connu comme le « discours de Grenoble ». Orientation « sécuritaire », discours « musclé », selon les commentaires médiatiques immédiats, le discours de Grenoble semble marquer une accélération de la politique de sécurité. Nicolas Sarkozy prévient : « aucune cité, aucune rue, aucune cage d'escalier, aucune barre d'immeubles ne doit échapper dans ce département et dans cette ville à l'ordre républicain. ». La cote de popularité de Nicolas Sarkozy est alors au plus bas depuis trois ans (sondage TNS Sofres Logica pour Le Figaro Magazine), et cette insistance sur les politiques sécuritaires peut être lue comme une tentative de reconquête de l’électorat de la droite de l’UMP voire du FN (le 14 juillet est signée par 35 députés UMP la charte du mouvement Droite Populaire qui pose la « sécurité, première des libertés » en principe fondateur et insiste sur l’immigration « contrôlée et maîtrisée », et en juillet dernier Thierry Mariani, un de ses fondateurs déclarait que la Droite Populaire « se reconnaît, par exemple, dans le discours de Grenoble», Atlantico, 29 juillet 2011). Durant ce discours, le président de la République s’en prend aux « camps » illégaux de Roms, se défendant pourtant de « stigmatiser les Roms ». Parlant de « zones de non droit », il s’engage à « procéder d'ici fin septembre au démantèlement de l'ensemble des camps qui font l'objet d'une décision de justice » et à engager des démarches lorsque cette décision n’a pas été prise… (lire la suite)

Sommaire :
I. Le discours de Grenoble : ancrage dans le contexte des « événements » de l’été 2010
II. Mouvements de soutien aux Tsiganes et aux Gens du Voyage : dénonciation d’un discours xénophobe et d’un statut juridique hors du droit commun

III. Réaction des institutions internationales: une indignation partagée face à l’obstination des dirigeants français

IV. Un an après : conséquences de la politique annoncée à l’été 2010 relative aux bidonvilles de Roms et Gens du voyage


Dans la presse

Reportages et articles de l’été 2011
Pour revivre les événements
depuis l’été 2010

Roms, les plaies restent ouvertes. Un dossier complet de Libération sur la question Rom depuis l’été 2010 (Articles, éditos, reportage photo…) mis en ligne le 27 juillet
Laurent El-Ghozi, dialogue avec les lecteurs du Monde, 29 juillet 2011
A Marseille, la misère croissante des Roms face aux expulsions à répétition, Isabelle Ligner, Dépêches Tsiganes du 17 août 2011
«En région parisienne, la chasse aux roms aggrave leurs conditions de santé», Le Monde du 03 août 2011
Revue de presse 2011

Une chronologie des événements du mois d’août 2010 établie par la chaîne Arte

Réactions des 4 principales associations de Tsiganes à l’annonce de la réunion du 28 juillet par Nicolas Sarkozy,La Gazette des Communes du 22 juillet 2011

Toute la revue de presse de l’année 2010

 

 

Documents

Communiqués et rapports d’associations juillet 2011



Dans le Texte




Pour aller plus loin



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Bibliographie