Le traitement administratif des « Gens du voyage » en France
Deux siècles de législation spécifique

Depuis près de 200 ans, il existe en France un régime spécifique pour ceux que l'on appelle aujourd'hui les "Gens du voyage". Cet euphémisme ne désigne pas une ethnie particulière ; c'est un terme purement administratif, apparu dans des textes officiels dès 1972, qui s'applique aux personnes visées par la loi du 3 janvier 1969. Il a remplacé ceux de "forains" et de "nomades", issus de la loi du 16 juillet 1912, qui remplaçaient ceux de "saltimbanques", "chanteurs ambulants" correspondant à la circulaire du 13 décembre 1863.

La définition qui réunit ces appellations est celle d'une population Sans Domicile ni Résidence Fixe (SDRF), ayant un mode de vie particulier, à savoir de résider dans un abri mobile terrestre ou/et d'exercer une activité ambulante.

Au-delà des conséquences quotidiennes, les réglementations successives ne se sont pas contentées de singulariser les membres de cette population ; elles ont également créé des outils pour contrôler leurs mouvements et leurs activités, avec des sanctions (amendes et emprisonnement) en cas de manquement aux règles édictées. Elles ont abouti aux titres de circulation actuels, toujours soumis à l'obligation de présentation et de visas auprès des forces de l'ordre.

Le statut spécifique des "Gens du voyage" - issu d'une législation du XIXe siècle - avec ses deux corollaires que sont la commune de rattachement et les titres de circulation, est une entrave à la liberté d'aller et venir à l'intérieur d'un Etat pour les seules personnes qui y sont soumises, entraînant pour ces dernières des discriminations avec une inégalité de droit flagrante au regard de la notion de domicile.

Jérôme Weinhard
Responsable du pôle juridique

I Bohémiens et saltimbanques

II Forains et nomades

III Gens du voyage



Le traitement administratif des Gens du voyage en France - Fnasat - Gens du voyage - juillet 2013

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